Financement : les moyens à disposition des entreprises
Une entreprise a besoin de se financer dès sa création, puis tout au long de son existence. Pour couvrir les besoins de son exploitation courante, investir, se développer… elle s’appuie généralement sur ses fonds propres, sa capacité d’autofinancement, mais aussi sur l’endettement bancaire. Cette ressource, particulièrement prisée des TPE et PME, n’est pourtant pas la seule à leur disposition ! Panorama des formules de financement bancaire et des solutions alternatives.
Pour financer leur fonctionnement, les entreprises font couramment appel à deux types d’endettement : courant et occasionnel. En voici les principaux.
Encours et concours bancaire
En termes comptables, l’encours correspond au montant total des crédits ou des actifs comptabilisés à une date donnée, qui n’ont pas encore été remboursés. L’encours bancaire désigne donc le montant des crédits émis par des établissements financiers, à une date donnée, et que l’entreprise n’a pas encore remboursés. On parle de concours bancaire pour désigner un crédit bancaire de trésorerie accordé à une entreprise.
D’après les données publiées par la Banque de France, la croissance des encours de crédits est passée de 7,4 % en glissement annuel à 2,0 % pour les sociétés non financières (SNF) entre décembre 2022 et décembre 2023. Le montant des crédits à l’investissement accordés aux SNF est resté stable en début d’année 2024, tandis qu’en février « les crédits de trésorerie continuent de se contracter (-8,1 % après -7,4 % en janvier). Les remboursements effectués par les entreprises excédent la production de nouveaux crédits. Au total, la croissance des encours de crédits bancaires aux SNF atteint +1,2 %, en glissement annuel en février. »
De plus, selon l’enquête de conjoncture de la BPI de janvier 2024, le coût du crédit est considéré comme un obstacle à l’investissement pour 56 % des entreprises, tandis que l’endettement est cité par 22 % d’entre elles. Avec la désinflation observée ce début d’année, nous devrions assister à une baisse graduelle des taux d’intérêt propice à la relance de nouveaux crédits et/ou à la renégociation des conditions de crédit accordés ces dernières années.
Crédit inter-entreprises (CIE)
700 milliards d'euros : c'est le montant global du CIE en France, accordé principalement sous la forme de délais de paiement entre clients et fournisseurs. Première source de financement des entreprises à court terme, le CIE constitue un élément clé de l'économie française. Cette solution alternative au crédit bancaire désigne le fait pour des entreprises de s’accorder des délais de paiement, dans le respect des délais établis par le code du commerce. Il existe deux types de crédits inter-entreprises. Le crédit client, par lequel une entreprise accorde des délais de paiement à un client. Et le crédit fournisseur, par lequel une entreprise se voit accorder des délais de paiement de la part de son fournisseur.
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Prêt inter-entreprises
Il permet à une entreprise en excédent de trésorerie de prêter à un fournisseur ou à un sous-traitant ayant un besoin ponctuel de trésorerie. L’objectif est d’assurer la pérennité de la relation commerciale entre les deux parties, mais ce prêt n’est pas sans risque en cas d’insolvabilité de l’emprunteur. Cette solution, qui évite de passer par le système bancaire, est soumise à des conditions strictes selon la taille de l’entreprise. Les entreprises prêteuse et emprunteuse doivent être liées sur le plan économique, le prêt est limité à 2 ans et ne doit pas placer l’entreprise en situation de dépendance économique. Le montant du prêt est soumis à un double plafonnement, pour le prêteur et l’emprunteur, et varie selon qu’il s’agit de TPE, de PME ou d’ETI.
Leveraged buy-out (LBO)
Le LBO, traduit par « rachat avec effet de levier », est un montage financier permettant le rachat d'une entreprise par une société holding passive, via l’endettement. Ses détenteurs deviennent actionnaires majoritaires de l’entreprise. En général, les fonds empruntés auprès des banques s’élèvent à 70 % du montant du rachat, le solde provenant de fonds spécialisés en capital-risque. La société acquise rembourse l’emprunt sous forme de dividendes versés à la holding. À la fin du remboursement de l’emprunt, il est courant que la société holding fusionne avec l’entreprise rachetée.
Financement participatif (Crowdfunding)
Alternative au prêt bancaire, le financement participatif est un moyen de collecter des fonds auprès d’investisseurs pour financer un projet. Le crowdfunding est réalisé sur internet via une plateforme en ligne spécialisée. Il peut prendre la forme d’un prêt (avec ou sans intérêts), d’un don ou d’acquisition de titres de la société porteuse du projet. Le montant levé doit être inférieur à 5 millions d’euros sur 12 mois et le prêt avec intérêts ne peut excéder 2 000 euros par prêteur et par projet, pour une durée maximale de 7 ans.
Prêt garanti d’État (PGE)
Mis en place pendant la crise sanitaire (de janvier 2020 au 30 juin 2022) pour aider les entreprises en difficulté à traverser cette période, le PGE était un prêt occasionnel, qui a connu un grand succès. Près de 700 000 entreprises y ont eu recours, pour un montant de plus de 140 milliards d’euros. L’accord de place du 19 janvier 2022 sur les rééchelonnements des Prêts Garantis par l’État (PGE) a été prolongé jusqu’à la fin 2026 et le remboursement des échéances du PGE étendu à 10 ans. Toutefois, un certain nombre d’entreprises peinent à honorer leurs échéances : « en 2023, près d’un tiers des demandes sont liées à des restructurations de PGE, les saisines consécutives à des refus d’octroi d’un nouveau financement bancaire ou à des difficultés relatives à des financements existants demeurant très largement majoritaires (62 %) », explique la Médiation du crédit dans un communiqué de presse du 5 février 2024. Elle précise : « dans un contexte où les entreprises remboursent correctement leurs PGE (plus de 52 % des encours sont d’ores et déjà remboursés), les demandes de restructuration de PGE par la médiation du crédit ne concernent qu’un nombre limité d’entreprises (1 100 depuis le début de la procédure dont 500 en 2023). Elles ont abouti favorablement dans plus de la moitié des cas ce qui a permis aux 594 entreprises concernées confrontées à des difficultés avérées de bénéficier d’un rééchelonnement des échéances de leurs PGE (sur une durée maximale de 4 ans), d’un réaménagement équilibré de leurs autres crédits bancaires à moyen terme et de visibilité sur leurs lignes de court terme. »
Prêt participatif relance (PPR) et Obligations de relance (OR)
Ce levier au service de la relance lancé en 2021 a pris fin au 31 décembre 2023. Il était dédié aux entreprises ayant besoin de renforcer leur solvabilité pour réaliser des projets de développement ou des opérations d’investissement. Ce financement long offrait un coût attractif grâce à une garantie d’État. Il était réservé aux PME et ETI dont le bilan avait été affecté par la crise, dotées d’un chiffre d’affaires de plus de 2 millions d’euros et de projets de développement.
Les Obligations de relance (OR), cumulables avec les Prêts de relance, ont également pris fin au 31 décembre 2023. Ce dispositif bénéficiant d’une garantie de l’Etat avait pour objectif de renforcer le bilan des entreprises et la situation financière des PME et ETI. D’une durée de 8 ans, ces obligations sont remboursables en une fois à échéance. Leur avantage était de faciliter l’obtention de financements complémentaires et d’accroître la capacité de rebond des entreprises.
PPR et OR ont financé près de 2 400 entreprises, pour un montant total de 8,5 milliards d’euros. Un nouveau dispositif serait en préparation au ministère de l’Économie.
L’affacturage
Qualifié d’« amortisseur en cas de crise » par l’Association française des Sociétés Financières (ASF), l’affacturage est une solution de financement ouverte à toutes tailles d’entreprises opérant en BtoB. Il permet de bénéficier d’un financement des besoins de trésorerie, en complément d’un crédit bancaire ou en s’y substituant. Son principe est simple : l’entreprise cède ses factures en attente de règlement à un affactureur (ou factor), qui se charge de leur recouvrement directement auprès des clients de l’entreprise. L’affacturage permet de réduire les délais de paiement et donc de générer de la trésorerie, tout en se protégeant du risque d’impayé. Bien que sa croissance ait ralenti en 2023 (à +1,2 %), le marché de l’affacturage reste très dynamique en France : sur l’année les factors ont pris en charge 426,6 milliards d'euros de créances, essentiellement auprès des TPE/PME, qui représentent 93 % des clients. L’affacturage demeure un moyen efficace de répondre aux tensions de besoins en fonds de roulements des entreprises.