Affacturage : une solution de financement dans l’air du temps
Dans son Enquête annuelle d’affacturage 2023, l’Association française des Sociétés Financières (ASF), qui regroupe la quasi-totalité des établissements spécialisés, dresse un état des lieux du marché de l’affacturage. En France, pays leader sur le marché européen et deuxième au rang mondial, les TPE et PME sont les premiers clients de l’affacturage en nombre. Synthèse des principaux enseignements de cette enquête.
Affacturage, de quoi parle-t-on ?
En préambule, l’ASF rappelle la définition de l’affacturage : un « transfert de créances commerciales (factures) de leur titulaire à un factor – la société d’affacturage – qui se charge d’en opérer le recouvrement et qui en garantit la bonne fin, même en cas de défaillance momentanée ou permanente du débiteur. Le factor peut régler par anticipation tout ou partie du montant des créances transférées ».
L’affacturage, en tête des sources de financement court-terme en France
Le marché de l’affacturage n’a pas échappé au ralentissement économique. Ainsi, en 2023, le volume de factures prises en charge par les sociétés d’affacturage en France (425,9 milliards d’euros) a progressé de seulement 1 % par rapport à 2022. Toutefois, l’affacturage représente 15 % du PIB national.
« D’après les encours recensés au Service central des risques de la Banque de France (y compris des données provenant d’ANACREDIT) sur l’ensemble des bénéficiaires, l’affacturage se maintient en tête des principales sources de financement court-terme, devant le découvert, précise l’enquête de l’ASF. À fin 2023, seul l’encours par voie d’affacturage ressort en hausse, le découvert ayant stagné et les créances commerciales ayant nettement chuté. »
La France détient 17,5 % des parts de marché en Europe, devant l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Italie puis l’Espagne. Au niveau mondial, la France arrive en deuxième position avec 11% des parts de marché, derrière la Chine, numéro 1 du secteur avec 17 %.
Chiffres clés de l’affacturage en France en 2023
Le montant des factures en France s’est élevé en moyenne à 5 400 euros en 2023. Un chiffre presque identique au niveau de 2022 qui cache une disparité selon les types d’opérations : les créances domestiques progressent de 160 euros en moyenne, tandis que les créances à l’international diminuent d’environ 1 100 euros.
Autre tendance notable : les opérations de syndication, c’est-à-dire pour lesquelles le financement des créances est consenti par un pool de plusieurs sociétés d’affacturage pour un même client, augmentent fortement, de 18,9 % globalement, et surtout pour l’international (+ 31 %). Elles représentent désormais 16% du chiffre d’affaires global.
L’analyse du portefeuille des factors montre que l’encours net des créances à recouvrer augmente de +6,2 % sur l’année, pour atteindre 65,4 milliards d’euros. En revanche, on constate une baisse du nombre de clients actifs (estimé à 32 500 à fin 2023) de -1,4 %.
Quant au délai moyen de paiement en affacturage, il est reparti à la hausse en 2023. Il s’établit à 55,3 jours, soit +2,7 jours par rapport à 2022.
Le risque de crédit reste un point de vigilance, avec un taux de créances douteuses brutes de 2,6 %, en croissance de +24 points en 2023, qui se traduit par un coût du risque en forte augmentation.
Malgré tout, les sociétés d’affacturage affichent des résultats solides avec un produit net bancaire et un résultat net en forte progression et un taux de marge faible, mais en légère hausse.
Full factoring versus gestion déléguée
Sur le marché domestique, les affactureurs ont pris en charge plus de 66 millions de nouvelles créances en 2023, pour un volume global en progression de +2,3 %, qui atteint 274,3 milliards d’euros.
La gestion déléguée est de plus en plus prisée par les clients, au détriment du « full factoring ». La gestion déléguée progresse de +2,3 % en 2023 et représente désormais 74 % du chiffre d’affaires de la production domestique, contre 21 % pour le full factoring. Mais, en nombre de contrats, la grande majorité des dossiers se font en gestion par le factor (74 %). De son côté, l’affacturage inversé – opération où le factor se substitue au débiteur pour régler ses principaux fournisseurs – a diminué de -7,1 % en 2023 et représente 5 % du chiffre d’affaires.
- À savoir : Gestion déléguée et full factoring n’offrent pas le même niveau de protection face au risque d’impayé. En effet, dans le cas du full factoring, l’entreprise protège activement son poste client contre les impayés puisque c’est le factor qui prend en charge la totalité des prestations d’affacturage : l’assurance-crédit, le recouvrement et le financement. Dans le cas de la gestion déléguée, l’entreprise garde la main sur la gestion du poste client (relance, remise à l’encaissement, affectation).
Factoring notifié, de moins en moins prisé
La part des contrats d’affacturage notifiés aux débiteurs baisse année après année. Cela signifie que l’affacturage est de plus en plus réalisé de manière confidentielle. Ces contrats représentent 33 % des contrats domestiques en 2023.
- A savoir : La notification d’un contrat d’affacturage aux clients finaux n’est pas obligatoire. S’il est notifié, une mention directe de la cession des créances au profit du factor doit être présente sur les factures (on parle de mention de subrogation). De plus, un courrier de notification peut être adressé aux clients lors du lancement du contrat d’affacturage. Dans le cas d’un factoring notifié, les créanciers règlent donc les factures directement au factor. En revanche, si l’entreprise opte pour un affacturage non notifié, ses clients finaux ne sont pas tenus informés de l’existence d’un contrat d’affacturage et les factures lui sont réglées directement.
Les TPE et PME, cœur de cible de l’affacturage
Les TPE et PME demeurent les principaux clients des sociétés d’affacturage. Toutefois, si elles représentent 92 % des cédants (en nombre), elles ne totalisent que 45 % des encours. « L’exercice s’est toutefois caractérisé par des mouvements dans la base clients. En effet, même si l’affacturage continue d’attirer principalement les très petites entreprises grâce à des offres dédiées, la proportion de ces dernières dans la base clientèle ne cesse de s’éroder (53 % en 2023 contre 65 % il y a cinq ans) en faveur d’entreprises de plus grande taille. En particulier, on observe un intérêt grandissant des ETI pour l’affacturage, si bien qu’elles génèrent à elles seules près de 42 % des encours. Par ailleurs, une part significative du montant du portefeuille est imputable à une poignée de grandes entreprises (GE), dont l’encours a nettement augmenté de +17,7 % sur un an. Ces clients grands comptes sont généralement à l’origine d’opérations de montants très élevés, ce qui explique le poids des contrats en gestion déléguée mais aussi le développement des contrats de syndication, notamment à l’international », détaille l’enquête.
Cette évolution de la typologie de la clientèle a un impact sur l’offre d’affacturage. Celle-ci est davantage orientée vers la gestion déléguée au client – génératrice de gros volumes – au détriment des contrats en gestion par le factor, généralement privilégiés par les petites entreprises.
- À savoir : L’affacturage est une solution de financement ouverte à toutes les entreprises, quels que soient leur taille et leur secteur d’activité. Longtemps considéré comme un outil réservé aux entreprises en difficulté, l’affacturage peut être utilisé à tous les stades de la vie de l’entreprise (démarrage, croissance, ralentissement, consolidation, retournement…), en complément de prêts bancaires ou comme une alternative au financement bancaire. Dans la période actuelle, où les délais de paiement s’allongent, le risque d’impayé augmente et les sociétés d’assurance crédit réduisent leurs garanties, les solutions d’affacturage constituent des opportunités pour prévenir ses risques de liquidité et être en mesure de garantir son besoin de fonds de roulement.