Les outils de renforcement du haut de bilan

Mis à jour: 29 juillet 2024
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Tout chef d’entreprise doit prêter une attention particulière à son « haut de bilan ». Ce terme comptable traduit en effet les capacités de financement à long terme de l’entreprise. Il inclut les fonds propres et les quasi-fonds propres, des ressources indispensables pour autofinancer des investissements ou faire appel à des partenaires financiers. Plusieurs opérations de haut de bilan permettent de le renforcer pour consolider l’entreprise.

Le haut de bilan est composé de deux parties : au passif, les fonds propres et l’endettement supérieur à un an ; à l’actif les immobilisations incorporelles, corporelles et financières. Il recense donc les ressources et les emplois durables, de long terme, de l’entreprise.

Comment distinguer fonds propres et quasi-fonds propres ?

Les fonds propres sont aussi appelés capitaux propres. Ils regroupent des ressources financières stables. Il s’agit en premier lieu des capitaux apportés par le ou les actionnaires à la création de l’entreprise ou lors d’augmentations de capital, qui constituent le capital social. À cela s’ajoutent les bénéfices mis en réserve en vue de financer des investissements ou faire face à des dépenses futures, ainsi que le résultat de l’exercice comptable.

Les quasi-fonds propres regroupent quant à eux les comptes courants d'associés, les obligations convertibles et les emprunts participatifs. Ils ont la particularité de cumuler des caractéristiques de la dette et des fonds propres. Ils ont l’avantage d’être flexibles et de réduire le risque financier d’entreprises en recherche de financement.

Pour renforcer son haut de bilan, deux possibilités s’offrent donc à l’entrepreneur : augmenter les fonds propres ou augmenter les quasi-fonds propres. Ces deux mécanismes jouent le rôle d’effets de leviers sur la capacité d’endettement de l’entreprise car ils rassurent les tiers sur sa solidité financière.

La structure bilancielle d'une entreprise, c'est-à-dire la composition et la répartition de ses actifs et passifs, joue un rôle crucial dans l'octroi de prêts et de concours par les banques ainsi que dans l'octroi et le maintien du crédit fournisseur. Banques et fournisseurs évaluent l’équilibre entre actifs et passifs, l’état des liquidités, le montant de l’endettement et la rentabilité. Une structure bilancielle solide améliore leur perception du risque.

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Augmenter son capital social

Les fonds propres reflètent la capacité de l’entreprise à se projeter sur des projets stratégiques, à long terme. Le montant du capital social est donc un indicateur de la robustesse du modèle d’affaires : il doit être important pour des entreprises industrielles qui ont besoin d’investir dans des équipements productifs, et peut être plus réduit pour des entreprises de services.

En France, le montant de départ du capital social est libre : au minimum de 1 € pour les SARL, SAS, SASU, SNC et EURL, et au minimum de 37 000 € pour les SA. La grande majorité des entreprises sont ouvertes avec moins de 5 000 € de capital, et la plupart des TPE-PME sont sous-capitalisées, c’est-à-dire que leurs réserves financières sont insuffisantes par rapport à leurs dettes. Pourtant, plus le capital social est élevé, plus le projet de l’entreprise est considéré comme sécurisé. Elle pourra plus facilement traverser des périodes difficiles sans dépendre exclusivement de partenaires extérieurs. Et, si besoin, les banques seront plus en confiance pour accorder des prêts.

Si le dirigeant et ses éventuels associés n’ont pas les moyens d’augmenter le capital de l’entreprise, ils peuvent faire appel à d’autres actionnaires. Dans ce cas, l’ouverture du capital – et donc la modification de sa répartition – requiert que les associés existants acceptent une dilution de leur participation.

Alimenter son compte courant d’associé (CCA)

Le compte courant d’associé est constitué des apports effectués par le ou les associés de l’entreprise. Dans le cas des SAS, seuls les associés et dirigeants peuvent effectuer des apports en CCA. Les associés, actionnaires, gérants, administrateurs, membres du directoire et du conseil de surveillance sont autorisés dans le cas des SARL et SA.

Concrètement, les CCA peuvent être crédités par un chèque ou un virement. Il est préférable de formaliser ces apports via un texte écrit mentionnant le montant, la durée du dépôt, les modalités de remboursement et le cas échéant le taux d’intérêt auquel l’associé sera rémunéré.

Ces apports sont comptabilisés comme une dette mais sont considérés comme des capitaux propres particulièrement flexibles. Les associés peuvent en effet verser ou retirer des fonds de ce compte courant. Ces fonds ne modifient aucunement le montant ni la répartition du capital et peuvent être rémunérés par un taux d’intérêt.

Ils ont l’avantage de renforcer les fonds propres de l’entreprise, sa solvabilité et sa crédibilité auprès de ses partenaires surtout si les comptes courants sont bloqués pendant une certaine durée. Autre avantage : les intérêts versés sur les CCA sont déductibles du résultat imposable de l'entreprise.

Lever des fonds via…

  • L’obligation convertible
    Tout détenteur d’une obligation convertible peut convertir cette créance en actions de la société émettrice, selon une date et un prix définis à l’avance. L’entreprise peut donc utiliser cet outil pour lever des fonds et augmenter son capital.
  • Un prêt participatif
    À mi-chemin entre un prêt à long terme et une prise de participation au capital de l’entreprise, le prêt participatif est généralement émis pour une durée de 5 à 7 années. Son montant peut atteindre jusqu’au double des fonds propres de l’entreprise. Aucune garantie sur les actifs de l’entreprise ou du patrimoine du dirigeant n’est requise. Le taux d’intérêt du prêt participatif est fixe, variable ou indexé sur la performance de l’entreprise selon les cas.
  • Un prêt d’honneur
    Ce prêt personnel est particulièrement adapté pour les entreprises en création ou dans le cas d’une reprise d’entreprise. Le prêt d’honneur est accordé sans intérêt ni garantie par des structures d’accompagnement à la création d’entreprise, telles que Initiative France et le Réseau Entreprendre. D’un montant généralement compris entre 3 000 et 50 000 €, il joue un effet de levier pour l’obtention d’un prêt bancaire complémentaire. Si l’entrepreneur utilise ce prêt d’honneur pour augmenter le capital de son entreprise ou dépose son montant sur un compte CCA bloqué, il renforce les quasi-fonds propres.
  • Une campagne de crowdfunding
    Si l’entrée en Bourse est plutôt réservée aux grandes entreprises en quête de nouveaux investisseurs, le crowdfunding, ou financement participatif, est plus adapté aux petites entreprises. Il leur permet de lever des fonds en complément d’autres outils de financement tout en augmentant leur notoriété
  • Le recours au Private Equity
    Faire appel au Private Equity, ou capital-investissement, permet aux entreprises non-cotées en Bourse de bénéficier de fonds propres de la part d’investisseurs qui visent à réaliser des plus-values. Le Private Equity intervient généralement à la création (capital risque), en phase de développement (capital développement) ou lors de la cession (capital transmission).

Vaut-il mieux renforcer ses capitaux propres ou ses quasi-fonds propres ?

Les opérations de haut de bilan ont un but commun : renforcer les capacités de financement de l’entreprise pour faire face à des périodes de tension ou mener à bien des projets de développement. Chacune d’entre elles comporte des avantages et des inconvénients.

L’ouverture du capital social nécessite des formalités plus ou moins complexes et peut être un processus long. Elle entraîne une dilution de capital du dirigeant. En revanche, elle lui permet de s’entourer d’investisseurs, des partenaires qui a priori sont confiants dans son potentiel de croissance et lui apporteront leur expertise et leur réseau.

En revanche, le renforcement des quasi-fonds propres évite de diluer le contrôle des actionnaires en place. C’est donc un moyen d’augmenter sa capacité de financement sans modifier la structure du capital de l’entreprise. Plus flexibles que la dette à long terme, les quasi-fonds propres peuvent toutefois s’avérer plus coûteux. Mais en diversifiant les sources de financement, ils offrent une plus grande liberté de modalités de remboursement, en fonction des besoins particuliers de chaque entreprise et des attentes des détenteurs de ces fonds.